Array ( [slug] => parcoursd [slugex] => les-chauffeurs-de-la-drome [pagep] => 3 )
// Add the new slick-theme.css if you want the default stylingEtant donné le large secteur géographique d'activité des chauffeurs, les enquêtes furent menées par plusieurs personnes des parquets de Valence et Tournon, les juges d'instruction Ichard (Valence) et Drapé (Tournon), avec la collaboration de la police romanaise et valentinoise. Le Commissaire Bellocq secondé par le brigadier Chauvin à Valence travaille avec les agents de la Brigade Mobile qui dépendait de Lyon.
En effet, douze brigades, ancêtres de la police judiciaire actuelle, venaient d'être créées en 1907 pour "seconder l'autorité judiciaire dans les recherches" (elles sont devenues célèbres sous le nom de 'brigades du tigre"). C'est en 1908 que la brigade Lyonnaise fut organisée. C'est ainsi qu'Elie Golbert (ou Monsieur Helly, Hellie, Elie - selon les sources, l'orthographe varie) venu de Paris puis détaché à Lyon va prendre en main l'enquête aidé de ses inspecteurs Brioux, Galdan et Sartre. En collaboration avec la police locale et les magistrats, il va réussir à faire le lien entre les différentes affaires et les hommes et surtout obtenir des aveux.
Les arrestations de Liottard et Berruyer, qui sont soupçonnés de vols et reventes de matelas à Tournon marque la fin de la bande et de l'entente. En effet, ils dénoncent David comme complice de vol, alors qu'il est en fuite dans la région lyonnaise. Lamarque s'est échappé en direction de Bordeaux le 26 Juillet, prévenu par Bel Oeil des activités de la police. La maison de Berruyer est perquisitionnée, sa femme arrétée pour complicité. Les hommes gardent le silence sur leurs meurtres, ils ne sont accusés que de crimes mineurs pour l'instant et ont tout intérêt à rester muets. David est finalement arrété à Saint-Jean-les-vignes (Rhône) le 10 Septembre, ainsi que son épouse (elle ne sera jamais poursuivie).
Les hommes reconnaissent les vols, mais rien sur les meurtres. Les juges et procureurs piétinent et c'est Golbert qui obtiendra de David une confession le 3 octobre. C'est ainsi qu'on arrivera à faire parler ses complices et que Brenier qui servait de receleur et revendeur fut aussi arrété. Les bandits ne sont pas tous très coopératifs et se rejettent les fautes. C'est David qui en dira le plus et qui est le plus crédible aux yeux des enquêteurs. Le parquet de l'Ardèche va se dessaisir du dossier au profit du Parquet de la Drôme. D'Octobre à Mars, le dossier d'accusation est monté par le procureur Roux et le juge Ichard, des reconstitutions organisées. On cherche puis trouve difficilement le cadavre de Romarin le 5 février 1909.
La femme de Berruyer bénéficie d'un non-lieu le 22 Mars 1909. Son mari et ses complices sont jugés lors d'un procès qui attire les foules et dure du 2 au 10 juillet. Le président est Berjot de la Cour d'appel de Grenoble, l'accusation est soutenue par Roux. Les accusés qui n'ont pas voulu d'avocats sont défendus par des commis d'office : le batonnier Joulié pour David, maîtres Pey et Ferlin pour Berruyer et Liotard. Brenier qui est jugé avec les meurtriers est défendu par Me Chabanon. Lamarque bien qu'absent est aussi jugé avec les autres.
La peine de mort est requise pour 10 assassinats dont 3 avec tortures, 7 vols qualifiés et 2 tentatives de vol. Le jury ne mettra que 3 heures à prendre sa décision et reste peu sensible aux circonstances atténuantes plaidées par les défenseurs : la peine de mort est prononcée, par contumace pour Lamarque. Brenier, lui, est relâché sans peine.
Les avocats font leur travail jusqu'au bout mais le 12 août la demande d'appel en Cour de cassation est rejettée. Ils font appel au Président de la République pour une grâce mais celle-ci est aussi rejettée le 19 septembre.
Le 22 septembre, le célèbre bourreau Anatole Deibler (photo ci-dessus) et ses trois assistants arrivent à Valence. C'est devant la maison d'arrêt de la ville, dans l'avenue de Chabeuil que la machine mortelle va être montée. Afin de réguler la foule dans cette rue plutôt étroite, des barrages sont mis en place ; deux détachements de gendarmes sont déployés pour contrôler. 300 hommes à pied et 150 à cheval assurent la sécurité. Le public est nombreux ; les balcons des immeubles alentours sont loués aux curieux.
Conformément à la procédure les condamnés sont réveillés aux alentours de 2 heures du matin par le procureur en présence des défenseurs. Berruyer et Liottard se confessent et communient. David écrit un dernier courrier à son épouse chérie. Arrive le moment des exécutions qui s'effectuent très rapidement, en moins de 7 minutes ! Berruyer passe le premier sur la bascule, suivi de David et Liottard qui est exécuté le dernier à 6 h 50.
Berruyer s'inquiète de sa femme et de ses enfants et les recommande au Procureur avant d'être allongé sur la planche. Liottard reste muet avant de passer sur l'échafaud. David lance une dernière "pitrerie" : "Je vais m'enrhumer, salut, salut. Allons-y les enfants" d'après le journaliste du Messager de Valence. Les dernières paroles des condamnées ont été beaucoup modifiées et amplifiées par les journaux, et l'on prêtera à David beaucoup d'autres paroles fantaisistes. Aucun ne manifeste de remords, ni ne présente d'excuses, tout comme au procès.
Les familles n'ayant pas les moyens de récupérer les corps et de les inhumer, ceux-ci seront enterrés au cimetière de Valence, dans un carré dédié, sans croix ni nom sur leur tombe.
Quant à Lamarque en fuite, il vit sous de fausses identités et démenage plusieurs fois. Il est finalement arrété à Nîmes, pour vol, sous le faux nom de Jean Charles Garnier le 1er avril 1910. Il est transféré à Valence le 15 et est rejugé du 20 au 23 juillet. La cour est toujours présidée par Berjot et il est défendu par Me Reynaud. Il sera à nouveau condamné à mort mais le Président Fallières commuera sa peine en travaux forcés à perpétuité en novembre. Il terminera au bagne en Guyane.