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Une revue littéraire et politique : Les guêpes grand format Une revue littéraire et politique : Les guêpes Médiathèque Latour Maubourg, Caroline Pascal

Jean-Marc Bernard

Jean Bernard est né à Valence le 4 décembre 1881 dans la maison familiale, sise Place Championnet. Fils de Marc-Antoine et de Rambertine Dumaine son épouse, il emprunte à son père une partie de son prénom pour se distinguer d’un auteur homonyme. C'est son oncle l'Abbé Dumaine qui le baptise deux jours après sa naissance.

Il passe une partie de son enfance à l’étranger : Genève pendant 7 ans puis Bruxelles (de 1892 à 1899) où son père dirigeait une succursale du Crédit lyonnais. Puis jeune homme, il passe un an à Margate (Angleterre), où il apprend l'anglais, et autant à Krefeld (Allemagne). Il fait ses études dans un collège catholique et gardera la foi toute sa vie ; il sera membre par la suite du Cercle d'études paroissial ainsi que du Comité des écoles catholiques dans la Drôme où il résidera jusqu'à la Guerre.

A la mort de son père en 1902, il rejoint sa mère à Valence. En 1909, ils s'installent ensemble à Saint Rambert d'Albon, dans le nord de la Drôme. Il travaille 3 ans au Crédit lyonnais à Valence puis un temps comme commis chez un libraire vers 1906-1907 (à Valence ou à Reims).

Il travaille aussi comme journaliste dans de nombreux journaux nationaux (Revue critique des idées et des livres, Le Mercure de France, Le Divan, L'Ermitage où il prendra postion contre Mallarmé...) ou régionaux (Le Messager de Valence, Les Marches de l'Est, Le Courrier de Champagne...). De 1908 à 1911 il tient la rubrique "La vie littéraire" à L'âme latine, une revue toulousaine dirigée par Armand Praviel qui lui-même écrira pour Les Guêpes.

Même installé définitivement à St Rambert d’Albon, il navigue toujours entre sa ville, Valence et Paris où vivent certains de ses amis et collaborateurs. Parmi ceux-ci, les frères Le CardonnelLouis avec qui il gardera le contact toute sa vie, et Georges qui le présente à son futur grand ami Raoul Monier. D'après leurs amis communs, Bernard fut grandement influencé par Monier, même s'il semble avoir fait preuve de plus d'ouverture d'esprit notamment sur le plan littéraire. Il voyage aussi en Provence et y rencontre Frédéric Mistral, avec qui il a des affinités. En effet, Bernard se revendique "dauphinois", ancré dans sa région.

Outre le travail journalistique, les années 1902-1914 furent des années prolifiques sur le plan de la production littéraire. Il écrit de nombreux poèmes dont La mort de Narcisse qui sera publié en 1904 ; les autres seront regroupés sous le titre Quelques essais qui sera publié en 1910. Son dernier poème De profundis, écrit sur le front, aura un certain retentissement après sa mort. Son oeuvre majeure reste toutefois Sub tegmine fagi publié en 1913, un livre en trois parties : livre des amours, livre des bergeries et des jeux et livre d'Omar Kheyyam, qui est une traduction. Il fait partie du mouvement "fantaisiste" (avec Francis Carco et Tristan Derème), mouvement qui refusait le symbolisme et le romantisme auxquels il oppose la fantaisie au sens large, tout en restant attaché à un certain classicisme.

Bernard, qui est membre avec Monier de sociétés savantes, écrit aussi des pages sur la vallée du Rhône, notamment pendant ses voyages, ou sur les Saints du Diocèse de Valence. Il rédige des essais et études sur des poètes médiévaux ou contemporains. Il livre ses réflexions sur le symbolisme et le classicisme, sujets sur lesquels il eut avec André Gide une discussion âpre mais remplie de respect et d'admiration (voir sa correspondance avec le maître). Il publie en 1910 Pages politiques des poètes français.

Sa mort laissa nombre de ses travaux inachevés. Ses oeuvres furent toutefois compilées en deux volumes consultables sur ce site. Il avait aussi entrepris une édition des oeuvres de François Villon qui sera publiée à titre posthume en 1918.

Bien que reconnu inapte au service militaire en raison de sa petite taille et sa santé "délicate", J-M Bernard se présente au recrutement en Août 1914. D'abord refusé, il sera finalement rappelé en Novembre. En 1915, il est agent de liaison mais est blessé à la tête. Heureusement la blessure n'est pas trop grave et il repart bientôt pour le front où il est chargé du ravitaillement. Puis en Juillet, il est dans les tranchées et le 9 du mois un obus lui ôte la vie. La déflagration est telle que son corps ne sera pas retrouvé.

En Août 1915, l'Académie française couronne l'ensemble de son oeuvre à titre posthume et en Avril 1921 Charles Maurras viendra présider la cérémonie de pose d'une plaque commémorative sur sa maison à Saint-Rambert d'Albon.

 

 

Raoul Monier

Né à Valence le 5 septembre 1879, Raoul Antoine Rémy Monier est le fils de Rémy Monier employé au télégraphe (Poste) et de Marie-Antoinette Pozzi. Il étudie au collège de la ville et obtient le grade de Bachelier ès-lettres en Juillet 1898. Il va ensuite à Paris pour suivre simultanément des cours à l’Ecole de Droit et l’Ecole des Sciences économiques et sociales. Licencié en droit en 1901, il poursuit ses études vers le doctorat mais ne soutient pas sa thèse sur « L’idée de l’Etat chez les philosophes du 18e siècle ». Il est reçu à l’ordre des avocats mais n’a sans doute jamais plaidé (ou seulement très peu).

Il revient à Valence, orphelin indépendant et fortuné ; se tourne vers les lettres et la politique. Il travaille pour le Messager de Valence, journal catholique, collabore à la Revue critique des idées et livres (dirigée par Jean Rivain), porte-parole de l'école néo-classique et du nationalisme littéraire. C’est sans doute à cette période qu’il rencontre Jean-Marc Bernard, introduit par Georges Le Cardonnel (frère de Louis) qui deviendra son grand ami. Les deux hommes partagent certaines valeurs et une religion : le catholicisme.

Admirateur de Charles Maurras, figure majeure de l’époque, il collabore à l’Action française. Fondée en 1898, ce mouvement politique nationaliste antirépublicain est devenu royaliste sous l’influence de Maurras qui en est l’un des inspirateurs principaux. Monier et Bernard deviennent aussi Camelots du Roi en novembre 1908, c’est-à-dire vendeurs officiels du journal L’Action française, lui-même créé en mars 1908, organe de diffusion du mouvement du même nom.

En 1907, Monier et Bernard avaient créé le Groupe d’études historiques et sociales, déjà affilié à leur journal de prédilection (qui s’appelait encore la Revue d’action française). Ils y organisent des conférences mensuelles sur leurs sujets de prédilection : le classicisme, la monarchie, la contre-révolution… des thématiques que l’on retrouvera dans leur revue.

En 1910, il adhère à la Société d’archéologie de la Drôme, y publie quelques articles et y introduit Bernard.

Engagé volontaire (il avait été réformé de l'armée) en Novembre 1914, Monier passe 6 mois à Valréas puis intègre le 275e d’Infanterie. Il part sur la Woëvre en Lorraine et y reste jusqu’en février 2016. Il intègre ensuite le 261e d’Infanterie et combat au front au Fort de Thiaumont dans la région de Verdun. Cet ouvrage fortifié fut entièrement détruit par les bombardements et c’est d’ailleurs là que Monier y est blessé par un obus. Transféré à l’hôpital (il a les jambes brisées), il y décède le 4 juillet.

Malgré ses collaborations à de nombreuses revues, Monier ne laisse aucun recueil publié de son vivant. C'est son ami Henri Clouard qui compilera après sa mort ses oeuvres dans Reliquae, publié avec les Oeuvres complètes de Jean-Marc Bernard (tome 1 , p. 246).

Les autres membres fondateurs

Maurice de Noisay (1886-1942)

Pseudonyme de Maurice Pagnier. C'est un poète, passé du symbolisme au néo-classicisme. Il est maurassien comme les autres et adhère aux idées de l'Action française. Selon lui, il fut invité par Bernard à participer à la revue au Printemps 1909 et à l'automne de la même année à en partager la direction.  Il accepta car "il n'y avait rien à diriger du tout". Il avoue aussi n'avoir rien ajouté à la revue mais y avoir retranché quelques choses. Outre Les Guêpes, il a collaboré à de nombreuses revues et fut aussi poète.

Henri Clouard (1889-1974)

Journaliste, critique littéraire et traducteur, il est comme ses camarades un ardent défenseur des idées de l'Action française. Très actif sur le plan de la vie littéraire, il défend sans faillir (à ses débuts) le néoclassicisme littéraire et politique, notamment dans la  Revue critique des idées et des livres, d'inspiration maurassienne créée en 1908.

Critique littéraire, Henri Clouard collabore, par des articles ou des chroniques régulières, à de nombreuses revues : La Phalange, La Revue hebdomadaire, Le Divan, Revue des deux Mondes, Les Écrits nouveaux, Mercure de France, Revue de Paris, etc. Il sera secrétaire et rédacteur pour Les Guêpes.

Historien des idées et de la littérature, il traduit Lucrère et Plaute. Il réalise aussi une étude importante sur le journal boulangiste La Cocarde de Maurice Barrès. Il écrit aussi une Histoire de la littérature française, du symbolisme à nos jours parue éditions Albin Michel en 1947.

Louis du Charmeil

Nous n'avons trouvé aucune information sur cet homme, tout au plus qu'il devait habiter 1 place Saint-Jean et qu'il s'est expatrié après 1912. Il était membre du comité de rédaction.

René Dumaine

C'est un personnage fictif, un pseudonyme créé avec le nom de famille de la mère de J-M Bernard. Sous ce nom, on retrouve des écrits de Bernard (au début), Monier (surtout) et de Noisay (parfois).


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